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Le
Vignemale
par le barrage d'Ossoue
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Rando:
Le Vignemale par le barrage d'Ossoue |
Trajet voiture |
En
partant de Gavarnie on prend la route du Col des Tentes à gauche en sortant
du village, et dans le premier virage on prend à droite en direction
du barrage d'Ossoue. La route est assez étroite et sinueuse mais goudronnée,
au moins pendant 4 km, puis se transforme en une piste empierrée assez
roulante mais qui se dégrade au fur et à mesure que l'on monte.
A quelques centaines de mètres du barrage la piste devient vraiment mauvaise
et il faut rouler au pas sinon, attention à la casse!
Dès l'arrivée, des panneaux nous rappellent que
nous sommes dans la zone du Parc National et qu'il faut se conformer à
la règlementation , en particulier pour le stationnement et le bivouac.
Premier jour |
En
cette fin juin les familles marmotte sont nombreuses, et les petits,
peu farouches,
nous regardent passer à hauteur de portière, perchés à
l'entrée des terriers qui bordent la piste. Au bord du lac, quelques
pêcheurs patientent devant l'eau plate et transparente tandis qu'au dessus
dans les rochers, un couple d'isards attend d'être seul pour venir boire.
La première partie de l'itinéraire,
qui conduit au refuge de Baysselance,
emprunte le GR10 qui longe la rive gauche
du barrage. Presque à plat pendant 1km, il traverse le gave en partie
sur une passerelle... et sur des pierres plus ou moins recouvertes d'eau. Au
bout d'un grand replat, le chemin arrive à un névé au lieu
dit "Pont de neige". Nous sommes passé par-dessus ce névé
à l'aller et sur le côté par les rochers au retour. Effectivement,
il s'agit bien d'un pont et il vaut mieux ne pas passer au travers sous peine
de prendre un bain glacé!
Après avoir traversé un petit ruisseau, on monte ensuite plein
Ouest pour rejoindre une gorge qu'on longe vers le Nord en à-pic au-dessus
d'une grande cascade puis on redescend pour traverser un ruisseau qui descend
du glacier d'Ossoue. De là, il est possible de monter directement sur
la gauche vers le Vignemale mais nous avons choisi d'y aller en deux jours en
dormant vers le refuge. On remonte ensuite par une trace qui traverse un grand
névé un peu crevassé sur les bords (attention quand même),
et qui après une dernière montée en lacets, arrive au
refuge de Baysselance (2651m). (fermé pour
rénovation jusqu'à
l'été 2003) .
Temps splendide, température très douce, de quoi flâner
en cette fin d'après-midi et installer la tente avant de manger. Nous
contemplons le panorama de la frontière espagnole qui dessine l'horizon
du Sud-est jusqu'au Nord-ouest. Un peu plus à gauche, encore sous la
neige, le chemin qui monte au lac des Gentianes. Au-dessus de nous, vers l'Ouest,
le Petit Vignemale cache son grand frère et laisse entrevoir sur sa gauche
le haut du glacier d'Ossoue dominé par le Monferrat.
Deuxième jour |
Lever
vers 6h, et toujours grand beau temps. Après un p'tit déj à
la fraîche nous plions les tentes et partons vers 7h. Il s'agit de redescendre
d'environ 300m vers le Sud-est pour contourner la crête du Petit Vignemale
et la longer ensuite horizontalement vers l'Ouest jusqu'au bas du glacier. Ce
passage est un peu escarpé mais pas dangereux. Tout de suite après
on prend pied sur le glacier, encore copieusement recouvert de neige en cette
fin juin. Il est temps de chausser les crampons et surtout de s'encorder, comme
la sécurité l'exige sur un glacier. On monte d'abord une pente
raide vers le Sud-ouest sur la partie gauche du glacier, pour laisser sur la
droite la zone des crevasses, puis, lorsque la pente devient moins forte, on
se dirige vers l'Ouest en direction du sommet qui émerge à l'autre
bout du glacier. Nous montons lentement, avec une petite pause de temps en temps
pour souffler. Il y a environ 1,5 km de glacier à monter. Au bout de
3h environ nous arrivons à la brèche de Gaube, profonde entaille
dans la face Nord du Vignemale, qui ouvre vers le Nord une fantastique vue plongeante
en direction du lac de même nom. Plus que quelques minutes et nous voici
au pied du sommet, cent mètres de rocher au-dessus de nous. Nous laissons
les crampons car le rocher est sec et commençons, un peu intimidés,
cette montée un peu raide ou il faut quand même mettre les mains.
Le plus gênant ce sont les nombreuses pierres branlantes qui tombent facilement.
La prochaine fois, c'est sûr, nous prendrons les casques. Vingt minutes
plus tard nous sommes au sommet et toujours le grand beau temps. Avec trois
jeunes Espagnols qui sont arrivés juste avant nous, nous échangeons
quelques repères géographiques et nous nous prenons en photos
pour mémoriser ces instants si courts. A nos pied, la courbe éblouissante
du glacier s'élance
vers la
vallée où miroite le lac d'Ossoue, 1500m
plus bas. Dans le Sud-est, aussi
loin que porte le regard, s'étalent le
massif du Mont Perdu et le Cirque
de Gavarnie entaillé par la Brèche de Roland. Dans l'Ouest, la
fière Peña
Collarada et son frère jumeau français le Pic du Midi d'Ossau
se toisent de chaque côté de la frontière: c'est moi le
plus haut!, non, c'est moi!
Le temps de filmer un peu et de prendre encore quelques photos, et nous nous
retrouvons seuls. Les
autres sont déjà descendus au glacier. Plus
un bruit. Comme les loups autour d'un troupeau, le silence s'est installé
autour de nous pour nous dire de partir. Malgré la splendeur des lieux,
la solitude ressentie devant tant d'espace devient vite angoissante, et le plaisir
de goûter à ce qui ressemble à un début d'éternité
se mêle peu à peu à la crainte d'un aller sans retour.
Il faut redescendre.
Les photos sont ici |