Le Vignemale par le barrage d'Ossoue

 

Rando: Le Vignemale par le barrage d'Ossoue
Altitude : 3298 m
Dénivelé : 817 m + 647 m
Temps de montée : 3h30 + 4h00
Carte : Carte IGN TOP25 1647 OT 1:25.000
Date : 2001, dernière semaine de juin
Participants : Claire, Paul
Accès voiture : 1/2 h depuis Gavarnie jusqu'au barrage d'Ossoue
Départ à pied : Parking du barrage d'Ossoue 1834 m (ou un peu avant si la route est trop mauvaise)
Conditions météo : Excellentes
Enneigement: assez important
Matériel : Encordement sur le glacier, piolet, crampons.
Particularité : Le plus beau glacier des Pyrénées françaises



 Trajet voiture

En partant de Gavarnie on prend la route du Col des Tentes à gauche en sortant du village, et dans le premier virage on prend à droite en direction du barrage d'Ossoue. La route est assez étroite et sinueuse mais goudronnée, au moins pendant 4 km, puis se transforme en une piste empierrée assez roulante mais qui se dégrade au fur et à mesure que l'on monte. A quelques centaines de mètres du barrage la piste devient vraiment mauvaise et il faut rouler au pas sinon, attention à la casse! Dès l'arrivée, des panneaux nous rappellent que nous sommes dans la zone du Parc National et qu'il faut se conformer à la règlementation , en particulier pour le stationnement et le bivouac.

 Premier jour

En cette fin juin les familles marmotte sont nombreuses, et les petits, peu farouches, nous regardent passer à hauteur de portière, perchés à l'entrée des terriers qui bordent la piste. Au bord du lac, quelques pêcheurs patientent devant l'eau plate et transparente tandis qu'au dessus dans les rochers, un couple d'isards attend d'être seul pour venir boire.

La première partie de l'itinéraire, qui conduit au refuge de
Baysselance, emprunte le GR10 qui longe la rive gauche du barrage. Presque à plat pendant 1km, il traverse le gave en partie sur une passerelle... et sur des pierres plus ou moins recouvertes d'eau. Au bout d'un grand replat, le chemin arrive à un névé au lieu dit "Pont de neige". Nous sommes passé par-dessus ce névé à l'aller et sur le côté par les rochers au retour. Effectivement, il s'agit bien d'un pont et il vaut mieux ne pas passer au travers sous peine de prendre un bain glacé!

Après avoir traversé un petit ruisseau, on monte ensuite plein Ouest pour rejoindre une gorge qu'on longe vers le Nord en à-pic au-dessus d'une grande cascade puis on redescend pour traverser un ruisseau qui descend du glacier d'Ossoue. De là, il est possible de monter directement sur la gauche vers le Vignemale mais nous avons choisi d'y aller en deux jours en dormant vers le refuge. On remonte ensuite par une trace qui traverse un grand névé un peu crevassé sur les bords (attention quand même), et qui après une dernière montée en lacets, arrive au refuge de Baysselance (2651m). (fermé
pour rénovation jusqu'à l'été 2003)
. Temps splendide, température très douce, de quoi flâner en cette fin d'après-midi et installer la tente avant de manger. Nous contemplons le panorama de la frontière espagnole qui dessine l'horizon du Sud-est jusqu'au Nord-ouest. Un peu plus à gauche, encore sous la neige, le chemin qui monte au lac des Gentianes. Au-dessus de nous, vers l'Ouest, le Petit Vignemale cache son grand frère et laisse entrevoir sur sa gauche le haut du glacier d'Ossoue dominé par le Monferrat.

 Deuxième jour

Lever vers 6h, et toujours grand beau temps. Après un p'tit déj à la fraîche nous plions les tentes et partons vers 7h. Il s'agit de redescendre d'environ 300m vers le Sud-est pour contourner la crête du Petit Vignemale et la longer ensuite horizontalement vers l'Ouest jusqu'au bas du glacier. Ce passage est un peu escarpé mais pas dangereux. Tout de suite après on prend pied sur le glacier, encore copieusement recouvert de neige en cette fin juin. Il est temps de chausser les crampons et surtout de s'encorder, comme la sécurité l'exige sur un glacier. On monte d'abord une pente raide vers le Sud-ouest sur la partie gauche du glacier, pour laisser sur la droite la zone des crevasses, puis, lorsque la pente devient moins forte, on se dirige vers l'Ouest en direction du sommet qui émerge à l'autre bout du glacier. Nous montons lentement, avec une petite pause de temps en temps pour souffler. Il y a environ 1,5 km de glacier à monter. Au bout de 3h environ nous arrivons à la brèche de Gaube, profonde entaille dans la face Nord du Vignemale, qui ouvre vers le Nord une fantastique vue plongeante en direction du lac de même nom. Plus que quelques minutes et nous voici au pied du sommet, cent mètres de rocher au-dessus de nous. Nous laissons les crampons car le rocher est sec et commençons, un peu intimidés, cette montée un peu raide ou il faut quand même mettre les mains. Le plus gênant ce sont les nombreuses pierres branlantes qui tombent facilement. La prochaine fois, c'est sûr, nous prendrons les casques. Vingt minutes plus tard nous sommes au sommet et toujours le grand beau temps. Avec trois jeunes Espagnols qui sont arrivés juste avant nous, nous échangeons quelques repères géographiques et nous nous prenons en photos pour mémoriser ces instants si courts. A nos pied, la courbe éblouissante du glacier s'élance vers la vallée où miroite le lac d'Ossoue, 1500m plus bas. Dans le Sud-est, aussi loin que porte le regard, s'étalent le massif du Mont Perdu et le Cirque de Gavarnie entaillé par la Brèche de Roland. Dans l'Ouest, la fière Peña Collarada et son frère jumeau français le Pic du Midi d'Ossau se toisent de chaque côté de la frontière: c'est moi le plus haut!, non, c'est moi!

Le temps de filmer un peu et de prendre encore quelques photos, et nous nous retrouvons seuls.
Les autres sont déjà descendus au glacier. Plus un bruit. Comme les loups autour d'un troupeau, le silence s'est installé autour de nous pour nous dire de partir. Malgré la splendeur des lieux, la solitude ressentie devant tant d'espace devient vite angoissante, et le plaisir de goûter à ce qui ressemble à un début d'éternité se mêle peu à peu à la crainte d'un aller sans retour. Il faut redescendre.

 Les photos sont ici