Les Lacs d'Anayet par Candanchu

  Rando: Lacs d'Anayet par Candanchu
Altitude : 2200 m
Dénivelé
: 900 m sur 8km
Temps de montée : 4h
Carte
"Candanchu - Canfranc"
Date : 2002, deuxième semaine de juillet
Participants : Claire, Paul
Accès voiture : Depuis Borce en vallée d'Aspe par le col du Somport: 22km, 1/2h
Départ à pied : Parking à 1300m
Conditions météo : Episode orageux
Matériel : Rien de particulier
Particularité : Bivouac au bord de l'eau sur terrain plat


 Premier jour

En descendant du col du Somport en voiture, à 4 km, le parking se trouve dans un virage à droite sur la gauche de la route, à côté d'un pont de pierre. Il y a une bande blanche et les contrôles de Police y sont fréquents comme nous avons pu le constater! Après avoir garé la voiture, avec ou sans PV, on traverse le petit pont de pierre et on suit la piste qui tourne à droite en montant légèrement. Après une barrière canadienne, la piste redescend dans les pins parallèlement à la route pendant une centaine de mètres. (Inutile de dire que si vous faites cette ballade en Juillet-Août il vaut mieux partir tôt car il fait vite très chaud dans ce coin). La piste remonte ensuite vers le Nord-Est au-dessus du rio en contrebas. Au bout d'une demi-heure on aperçoit un camping sur la droite. A ce niveau, la vallée est encore peu encaissée. La piste carrossable s'arrête bientôt et laisse place à un large chemin puis à un sentier au fur et à mesure que la vallée se rétrécie.

Au bout de 3/4h, on traverse le torrent pour passer sur la rive gauche et un quart d'heure après on arrive au "refugio", modeste mais précieux abris en cas de mauvais temps. Le fond de la vallée se resserre ensuite en une gorge d'une centaine de mètres de profondeur tandis que le sentier s'élève en côtoyant quelquefois fois le précipice. Il faut être vigilant sur quelques dizaines de mètres car le paysage bucolique n'incite pas forcément à la prudence. Plus loin, le sentier s'éloigne du torrent et traverse des kilomètres de pâturages où broutent vaches et chevaux. Insensiblement, la vallée s'infléchie vers l'est pour déboucher sur un vaste cirque au bout de 3h environ. C'est une zone plus humide et verdoyante qui reçoit l'eau descendue du plateau d'Anayet où se trouvent les lacs. Il nous reste une heure avant d'arriver et il va falloir gravir le fond du cirque sur la droite.

La trace serpente sur la pente raide en suivant les plissements de la roche. C'est sans problème en faisant un peu attention quand même à certains endroits. En débouchant sur le plateau on est saisi par la forme du Pic d'Anayet, pyramide pointue (non sans danger), séparée par un col du Vertice d'Anayet, ce dernier beaucoup plus facile. Mais notre rando s'arrête là, au pied de ces deux sommets, au bord de ces lacs (on devrait plutôt dire laquets car ils sont petits). Nous étions partis vers 16h en plein cagnard et il est déjà 20h passés. Le temps de monter la tente et de commencer à chauffer l'eau pour le repas et voilà que les choses se gâtent.

Avec une vitesse folle le ciel s'est couvert par dessus le Pic d'Anayet. Nous avons juste le temps de nous réfugier dans la tente tandis que de grosses gouttes crépitent sur la toile. 8h30, il pleut toujours, la lumière baisse, le vent se lève, premiers coups de tonnerre. On va bientôt savoir si le matériel est solide. Par précaution nous arrimons toujours la tente à quelques grosses pierres en plus des piquets, cela nous a permis au printemps de bien affronter par deux fois la tempête de neige. Là, il n'y a pas de neige, mais de l'eau , beaucoup d'eau. Nous sommes à quelques mètres au-dessus des lacs mais ça tombe fort. 21h, l'orage encercle complètement le plateau d'Anayet, ça claque de tous les côtés. C'est comme si on allumait des halogènes dans le noir et la toile intérieure jaune fluo est aveuglante. C'est terrible, ça n'arrête pas. Nous comptons les secondes entre éclair et tonnerre, 2 secondes, 3 secondes, c'est tout près. Les rafales secouent la tente mais elle tient bon. Nous enfilons nos manteaux, on ne sait jamais... Minuit, une heure, ça continue. Il faut rester calme et attendre. Quoi faire de toute façon ? Pour aller où ? Pourvu que l'eau ne monte pas trop. Une inspection à la frontale nous rassure sur l'étanchéité. Deux heures du matin, les coups de tonnerre s'espacent, il pleut moins fort. Le danger est passé, nous pouvons enfin dormir.

 Deuxième jour

Au petit matin le ciel est limpide, pas un nuage. Dans l'air frais, la montagne est plus belle que jamais. Le soleil rasant éclaire l'herbe mouillée. En face de nous, encore échevelé par l'orage, le Pic du Midi d'Ossau se dresse, sombre et sévère, comme en colère d'avoir été dérangé. Un long panache blanc file de sa tête comme du cratère d'une volcan. Autour de nous, au fur et à mesure que le jour avance, la terre rouge d'Anayet éclate au soleil sur le bleu intense du ciel et le vert cru des pelouses. L'eau du lac se ride doucement autour des gourdes qu'on remplit. Le doux ronflement du réchaud annonce des instants de réconfort autour des sacs qu'on explore à la recherche de nourriture. Tout le paysage est maintenant en place pour le grand spectacle. Le Vignemale, le Palas, le Balaïtous et tous les sans-noms s'illuminent. Au chaud contre les rochers, il ne nous reste plus qu'à regarder ce cadeau du ciel pour se souvenir longtemps, longtemps, longtemps...

 Les photos sont ici